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CFRIES
25 septembre 2006

En quête de « l’homme de nulle part »

Source : http://www.russia-intelligence.fr/a1565-En_quete_de_l_homme_de_nulle_part_.html

Une fois de plus, Vladimir Poutine a réaffirmé le 9 septembre devant des chercheurs et des universitaires étrangers qu’il ne souhaitait pas rester auKremlin. Bien que ce genre de déclarations soit à prendre avec le recul qui s’impose, elles n’en constituent pas moins un élément que tous ceux qui, dans l’entourage de Vladimir Poutine, spéculent sur sa succession doivent prendre en compte. D’ailleurs, à certains signes à peine perceptibles, on décèle qu’un nombre croissant de membres des « cercles poutiniens » commencent à prendre conscience de l’horrible réalité: Vladimir Vladimirovitch ne sera probablement pas le prochain président de la Fédération de Russie. Cela dérange bien des calculs et ruine bien des espoirs (Russia Intelligence n° 38 du 31 août) mais surtout, cela ne peut que provoquer de nouveaux frottements entre lesplaques tectoniques des réseaux de pouvoir russes. Dmitri Medvedev, le président de Gazprom et premier vice-Premier ministre, à qui l’on a accolé le statut de « successeur désigné », a l’air d'y croire. Il fait d’ailleurs l’objet d’une campagne promotionnelle assez bien orchestrée dans les médias (il faut dire que Gazprom en contrôle un certain nombre). De son côté Sergueï Ivanov, vice-premier ministre et ministre de la Défense, autre successeur potentiel, tente de minimiser les dégâts des derniers échecs technologiques de la marine russe (lire page 2) afin de préserver ses chances, qui semblent cependant s’amenuiser. A Moscou, on spécule cependant sur un autre scénario, celui d’un homme venu de nulle part. Cette théorie n’est pas nouvelle et nous nous en sommes fait l’écho à plusieurs reprises. Du coup, les différents clans qui se partagent le pouvoir autour de Vladimir Poutine tentent depousser leur « homme de nulle part ». D’où une certaine agitation que l’on voit poindre ici et là. Dans le clan des Pétersbourgeois, en tout cas ceux qui gravitent autour du banquier Iouri Kovaltchouk (Russia Intelligence n° 38 du 31 août), le nom de Vladimir Iakounine revient avec insistance. Probablement ancien du KGB (il a occupé dans sa carrière deux postes habituellement réservés aux tchékistes, directeur des relations extérieures de l’Institut de physiqueIoffe à Saint-Pétersbourg et membre de la représentation soviétique à l’ONU), il a fait connaissance de Vladimir Vladimirovicth à Saint-Pétersbourg au début des années quatre-vingt-dix, au point de faire partie de ses voisins de datchas. Depuis2000, il règne sur les chemins de fer, véritable poumon économique du pays et donc puissance financière jalousée. Il a toujours nié nourrir des ambitions politiques mais, s’il le fallait, comment pourrait-il résister à la pression de ses amis… En tout  cas, chez les « civils » poutiniens de Pétersbourg, on s’active pour consolider ses possessions au cas où « l’homme de nulle part » viendrait d’ailleurs. Kovaltchouk a obtenu la gestion des fonds de pension de Gazprom (Russia Intelligence n° 38 du 31 août), Guennady Timtchenko, le « trader » pétrolier très proche de Poutine, s’intéresse au sort de Sourgoutneftegaz (la compagnie pétrolière dirigée par Vladimir Bogdanov, que l’on dit souffrant), qui fait partie du dispositif financier et énergétique du Kremlin.

En face deux autres groupes au moins ont débuté les grandes manœuvres. Celui qui gravite autour d’Igor Setchine, président de Rosneft et chef adjoint de l’administration présidentielle, tente de colmater les brèches provoquées par le limogeage de Vladimir Oustinov de ses fonctions de procureur général (Russia Intelligence n° 35 du 16 juin). Ce dernier se voyait bien au Kremlin, mais la manœuvre a échoué. Du coup Setchine se rapproche de Nikolaï Patrouchev, l’inamovible patron du FSB en offrant à son fils, Andreï Patrouchev, 25 ans, diplômé de l’académie du FSB, un poste de conseiller auprès de lui chez Rosneft. Enfin, le dernier groupe à s’agiter est celui des « aviateurs » qui rassemble autour de Sergueï Tchemezov, patron de Rosoboronexport, un certain nombre de chefs du complexe militaire et aéronautique comme Alexeï Fedorov (MIG et Irkout). Dans cette mouvance, « l’homme de nulle part » semble être, si l’on en croit les rumeurs qui circulent à Moscou, Andreï Iourievitch Belianinov, 49 ans, directeur des Douanes, ancien du KGB en ex-RDA (en même temps que Vladimir Vladimirovitch). Des « hommes de nulle part », il y en aura probablement d’autres, notamment parmi les gouverneurs, dont il n’est pas exclu qu’ils retrouvent un peu de leur lustre d’antan. Il y a d’ailleurs fort à parier que cette quête du successeur sera menée en parallèle avec une autre opération: la privatisation rapide de fleurons du secteur public ou d’entreprises qui viennent à peine d’être nationalisées selon le bon vieil adage : ce qui est pris n’est plus à prendre. Rosneft, Vnechtorgbank, AvtoVaz, OAK font partie des possessions lesplus prisées des proches du Kremlin. Une « liquéfaction » d’une partie de ces actifs constituerait une sorte de récompenses pour services rendus en même temps qu’une assurance sur l’avenir au cas ou le successeur viendrait d’autres horizons…

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