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CFRIES
26 septembre 2006

Retour au pays des soviets [partie4]

Source : Radio Canada
Transdnistrie, le pays qui n'existe pas

Quinze ans après l'effondrement de l'URSS, les 15 ex-républiques soviétiques ont quitté la Russie. Mais au sein de ces nouveaux pays se trouvent toujours des enclaves, plus proches culturellement et politiquement de la Russie, qui revendiquent elles-mêmes leur indépendance.

C'est le cas de l'Ossétie du Sud en Géorgie, du Nagorny-Karabakh en Azerbaïdjan et de la Transdnistrie, une bande de terre de 600 000 habitants en Moldavie qui fonctionne de façon autonome depuis 1991. La région, restée marquée beaucoup plus longtemps qu'ailleurs par le mode de vie soviétique, fait parler d'elle en raison des rumeurs de trafics en tout genre.

En 1991, lorsque la Moldavie a déclaré son indépendance de l'URSS, la rive droite du fleuve Dniestr a fait sécession du nouveau pays pour proclamer l'indépendance de la république socialiste de Transdnistrie, plus fidèle aux idéaux communistes. Un conflit a éclaté, faisant un millier de morts en quelques semaines.

Aujourd'hui, la paix est revenue, mais deux mondes différents se côtoient de chaque côté du fleuve. La Transdnistrie est une entité non reconnue par la communauté internationale, une véritable énigme politique et économique. La langue d'enseignement y est le russe, contrairement au roumain en Moldavie.

En théorie, il n'y pas de frontière entre les deux territoires. En pratique, il faut passer le poste de douane moldave, puis le contrôle de l'armée russe, postée depuis 1992 pour assurer la paix, avant d'arriver aux douanes officieuses, mais non moins réelles, de la république de Transdnistrie.

Tiraspol, une ville de 150 000 habitants, était à l'époque le coeur industriel de la Moldavie socialiste. Désormais, c'est la capitale de la Transdnistrie. À l'entrée, un stade de soccer flambant neuf montre une immense étoile rouge: les créateurs de la Transdnistrie voulaient poursuivre l'oeuvre de l'Union soviétique.

Le pays ressemble à certains égards à un musée du communisme à ciel ouvert, avec ses statues de Lénine disséminées un peu partout. Les privatisations d'entreprises ont commencé seulement en 2004. Auparavant, tout était aux mains de l'État.

En revanche, depuis deux ans, dans une sorte de répétition de la Glasnost, une ouverture est palpable. Des jeunes habillés comme en Occident conversent au téléphone cellulaire à la terrasse des cafés. Fini le mythe du territoire plongé dans un passé stalinien.

Le règne du parti unique est révolu: en décembre 2005, les représentants des nouveaux entrepreneurs privés ont remporté les élections contre les communistes traditionnels.

Un fossé infranchissable

L'élite politique s'entend sur le fait que le fossé s'est creusé de façon irrémédiable entre la Moldavie et la Transdnistrie, qui dispose d'une armée presque aussi importante que celle de son voisin.

Sous l'inspiration de la récente consultation qui a mené à l'indépendance du Monténégro, le gouvernement local a tenu un référendum le 17 septembre dernier: 91 % des citoyens ont voté pour la sécession de la Moldavie et le rattachement à la Russie.

La communauté internationale et l'Union européenne n'ont pas reconnu ces résultats. Pour beaucoup d'observateurs, et surtout aux yeux du gouvernement moldave, la pluralité politique n'est qu'une mascarade qui cache un régime toujours totalitaire, opposé à toute dissidence politique. Aucun parti opposé à la sécession ne se présente d'ailleurs aux élections.

Il faut dire que la Moldavie n'a jamais accepté la sécession de la Transdnistrie, qui l'a privée de sa base industrielle et de 40 % de son produit national brut. En outre, tous les projets de fédération ou de statut spécial ont échoué depuis 15 ans.

Les autorités moldaves décrivent la Transdnistrie comme une terre sans loi, où règnent la contrebande en tout genre et la fabrication illégale d'armes pour alimenter des réseaux terroristes ou des guérillas à l'étranger.

Les autorités de la Transdnistrie mènent actuellement une campagne intense pour se défaire de cette image. En sous-main, la Russie joue toujours un rôle central en fournissant une aide humanitaire à la Transdnistrie, et surtout en maintenant sa puissante armée sur place.

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