Le genevois Vitol rachète un port en Lettonie
PETROLE. Le terminal de Ventspils n'est plus alimenté en pétrole russe depuis 2002.
Vitol Group, une société de trading de pétrole basée à Genève, a racheté la plus grande partie de la participation du gouvernement letton dans le port pétrolier de Ventspils. Celle-ci a été vendue par enchères pour 74,2 millions de latis (169 millions de francs).
Cette cession, réalisée jeudi deux jours avant les élections parlementaires, permet à Vitol de contrôler 34,5% de l'infrastructure portuaire cotée à la Bourse de Riga. Le premier ministre Aigars Kalvitis a déclaré qu'il s'agissait de la vente la plus lucrative jamais réalisée en Lettonie. Le gouvernement espérait vendre ses actions à un investisseur susceptible de reprendre les livraisons de pétrole à travers Ventspils.
Un différend avec la société russe Transneft avait conduit à la fermeture de l'oléoduc desservant le port letton. Auparavant, il assurait le transit de 15% de la production russe de produits pétroliers. «Je ne parierais pas sur la reprise des livraisons de brut et que Ventspils puisse retrouver sa position d'il y a dix ans. Ce serait un miracle», a commenté Valery Nesterov, un analyste en pétrole et gaz chez Troika Dialog à Moscou.
Vitol est la plus grande société de trading en pétrole non cotée et contrôlée par des particuliers. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 80,6 milliards de dollars l'année passée, en croissance de 32% sur un an, d'après son site internet. Elle dispose de représentations à Rotterdam, Genève, Houston, Bahreïn et Singapour.
Vitol a récemment racheté pour 212 millions de francs Europoint, un terminal pour produits raffinés situé à Amsterdam, selon Het Parool, un journal néerlandais. «Nous sommes très contents de l'arrivée d'une société pétrolière aussi influente en Lettonie», a déclaré Olga Petersone, la présidente du conseil d'administration de Ventspils Nafta dans un communiqué.
La vente de Ventspils a été un casse-tête pour les gouvernements lettons successifs. Les controverses ont culminé avec l'éclatement de la coalition d'Andris Skele en 2000. Vendredi, l'ancien premier ministre Einars Repse a critiqué la transaction dans une émission de télévision. L'Etat aurait pu obtenir un prix supérieur de 20 millions de latis en vendant à un autre enchérisseur, a-t-il déclaré. Einars Repse a indiqué que son parti avait demandé au procureur général d'étudier l'affaire.