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CFRIES
12 octobre 2006

Fusion Rusal-Sual : la Russie crée le leader mondial de l'aluminium

Les producteurs russes d'aluminium Rusal et Sual ont annoncé hier leur fusion, avec l'appui de Glencore. L'ensemble va détrôner l'américain Alcoa de la première place mondiale. Il espère s'introduire en Bourse à Londres d'ici à dix-huit mois.

La naissance du nouveau leader mondial de l'aluminium était attendue depuis plusieurs semaines. Le faire-part a finalement été envoyé hier, quand les producteurs russes d'aluminium Rusal et Sual ont officialisé leur mariage, auquel le conglomérat suisse Glencore, numéro un mondial du négoce, se joint en apportant ses actifs dans le secteur (quatre usines d'alumine, une d'aluminium).

Le propriétaire de Sual, Viktor Vekselberg, a reconnu lors d'une conférence de presse à Moscou que les négociations avaient été longues. Mais elles en valaient la peine : avec une production annuelle de 3,9 millions de tonnes d'aluminium et de 10,6 millions de tonnes d'alumine - respectivement 12,5 % et 16 % de la production mondiale -, le nouveau champion russe détrône l'actuel leader, l'américain Alcoa (3,6 millions de tonnes) et son dauphin le canadien Alcan (voir graphique).

Rusal va prendre le contrôle de Sual moyennant la remise à Viktor Vekselberg de 22 % du capital du nouvel ensemble, 12 % iront à Glencore, tandis que le propriétaire de Rusal, Oleg Deripaska, deviendra le principal actionnaire avec 66 %. Ayant récemment rencontré Vladimir Poutine, les deux oligarques agissent avec le soutien du Kremlin, sans doute désireux de muscler son champion national. Car si la Russie constitue le deuxième producteur mondial d'aluminium derrière la Chine, Rusal ne se classait jusqu'à présent qu'au troisième rang mondial, avec peu de visibilité sur la scène internationale, puisqu'il n'est pas coté.

Réunification

Tout cela va changer : les parties prévoient d'introduire le nouveau Rusal en Bourse après la finalisation, le 1er avril 2007, de l'accord de rapprochement signé hier. Elles se donnent officiellement trois ans, mais la cotation s'effectuera plutôt d'ici à dix-huit mois, probablement à Londres, qui, comme le soulignait le sidérurgiste Severstal en y annonçant sa propre introduction vendredi, constitue la référence pour les valeurs minières et métallurgiques. Pour l'heure, seul Sual est coté, à Moscou, où sa capitalisation boursière se monte à 2,7 milliards de dollars.

Sur cette base, la valeur boursière du nouveau groupe, baptisé « United Company Rusal » (UCR), serait de 12 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires du même montant et un résultat opérationnel (Ebitda) estimé par les analystes de Renaissance Capital à 5,4 milliards de dollars. Viktor Vekselberg envisage d'introduire en Bourse 20 % du capital d'UCR. Il peut espérer un bon accueil, car la fusion annoncée lui donne un profil attrayant : Sual apporte la bauxite lui permettant de disposer d'une production intégrée verticalement, donc plus rentable, tandis que Rusal a les plus importantes fonderies et les coûts d'électricité les plus bas de Russie, un atout déterminant dans cette activité électro-intensive. Et bien que les deux groupes soient russes, ils sont déjà présents dans 17 pays sur 5 continents. Une cotation donnerait à UCR les moyens de se développer rapidement, notamment de viser des cibles internationales cotées en effectuant des acquisitions par échange de titres.

C'est l'actuel directeur général de Rusal, Alexander Bulygin, qui prendra la direction d'UCR, la présidence du conseil revenant au président de Sual, Brian Gilbertson. Les observateurs russes relèvent au passage que l'opération n'est guère qu'un retour au passé. A savoir la réunification d'un secteur qui avait été éclaté par les privatisations de Boris Eltsine.

Deux oligarques de poids
Oleg Deripaska,
propriétaire de Rusal, et Viktor Vekselberg, propriétaire de Sual, illustrent l'omniprésence dans l'économie russe des oligarques enrichis par les privatisations de Boris Eltsine. Sixième fortune de Russie selon « Forbes » (7,8 milliards de dollars), Oleg Deripaska a épousé la fille du chef de l'administration du Kremlin sous Boris Eltsine. Outre Rusal, il possède le constructeur de véhicules commerciaux GAZ. Quatrième fortune de Russie selon « Forbes » (10 milliards de dollars), Viktor Vekselberg a une participation dans le pétrolier russe, TNK-BP. Son holding Renova est aussi présent dans les sociétés de services aux collectivités et les télécoms.

Source : http://www.lesechos.fr/journal20061010/lec2_industrie/4482500.htm

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