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CFRIES
4 novembre 2006

Une féroce bataille de clans

Les Echos [ 03/11/06  - 02H30 ]
L'entourage de Vladimir Poutine se divise entre partisans d'un rapprochement avec l'Ouest et tenants d'une alliance avec la Chine. Principal moteur de la bataille : les ambitions personnelles. Avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2008.
" Siloviki ". Ce mot russe, devenu presque aussi célèbre à l'étranger que " babouchka " et dérivé de " silo " (force), renvoie aux ministères de l'Armée, de l'Intérieur et, surtout, au FSB, l'ex-KGB. C'est de ce dernier, filière d'excellence et de loyauté qui serait l'équivalent de notre ENA, mais une ENA où serait enseigné l'art de tuer et de manipuler, que sont issus presque tous les dirigeants des " mega concerns " russes. Ces personnalités cumulent, en général, une fonction politique - ministre, secrétaire au Kremlin ou cadre du parti Russie unie - et une expérience aux côtés de Vladimir Poutine lors de son passage dans les services secrets ou à la mairie de Saint-Pétersbourg.

" L'idéologie n'a rien à voir "
Le cliché veut que, dans l'entourage du président, les " siloviki " s'opposent aux " libéraux " censés être hostiles aux renationalisations et défenseurs de l'Etat de droit. Cela fait sourire Fedor Lioukanov, du centre d'analyse " Russie dans la politique mondiale ", car, observe-t-il, " les libéraux sont eux aussi presque tous des siloviki, et de toute façon l'idéologie n'a rien à voir avec cela, seules comptent les ambitions personnelles ". Selon lui, les siloviki " peuvent avoir intérêt à ouvrir l'économie russe afin d'accéder aux financements internationaux, tandis que les "libéraux", qui en ont déjà profité, peuvent virer au protectionnisme ". En fait, si différend métaphysique il doit y avoir, il oppose ceux plutôt favorables à un rapprochement avec l'Ouest et ceux hostiles aux Etats-Unis et partisans d'une alliance avec la Chine. Président de Gazprom, qui n'exporte quasiment que vers l'Europe, Dimitri Medvedev, un des deux dauphins désignés de Poutine, serait le chef du premier clan. Tandis que l'autre dauphin, Sergueï Ivanov, en tant que patron de l'armée, serait le chef du deuxième, secondé par Sergueï Tchemezov, le président de Rosoboronexport, qu'a conforté sa récente nomination à la tête de l'Union russe des constructions mécaniques.

Pour ajouter à la confusion, certains analystes subdivisent chaque clan. Le premier entre économistes et juristes, le second entre siloviki " durs " et... " moins durs ". Tous étant capables de passer des alliances de circonstance avec " ceux d'en face ". " Comme en démocratie, chaque groupe politique est en concurrence pour influencer et séduire l'électorat, souligne Fedor Lioukanov, à ceci près que l'électorat est réduit à une personne, Vladimir Poutine. "

" Pas de prisonniers "
Seules deux choses semblent acquises d'ici à 2008, année de la prochaine élection présidentielle, selon les kremlinologues. La Russie aura autant de lignes de politique étrangère que de prétendants à la fonction suprême. Et la retraite de Vladimir Poutine, actuel garant d'un équilibre précaire entre les clans, déclenchera un affrontement au cours duquel " on ne fera pas de prisonniers ". Une lutte qui a en fait déjà commencé avec le limogeage, cet été, du procureur général chargé jadis d'éliminer les oligarques de l'ère Eltsine, Vladimir Oustinov. Il était un allié d'Igor Setchin, le patron du groupe pétrolier Rosneft et chef du clan des " durs ".

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