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CFRIES
30 mars 2008

La Russie a suspendu la livraison de Sukhoï à l’Algérie

Après les Mig-29, la Russie et l’Algérie seraient en bisbille au sujet de 28 chasseurs Su-30MKI dont la livraison a été reportée par Moscou pour « retard de paiement ». Comme c’est le cas depuis le début de ce feuilleton de la vente des avions de chasse, la communication vient exclusivement de Russie. Alger demeure étrangement silencieux laissant ainsi à la partie russe, via le journal Kommersant, de « cadrer » les causes et les explications de ce qui pourrait bien être une crise sérieuse dans les relations entre les deux pays. Le titre de l’article publié hier par Kommersant, « Alger retourne sa veste », annonce clairement la lecture politique qui est faite à Moscou.

Certes, il ne s’agit pas d’un journal gouvernemental mais le journal à dominante économique parait être, depuis l’affaire des Mig-29 renvoyés par Alger, le vecteur privilégié des remontrances à l’égard d’Alger. A plus forte raison quand la nouvelle du report intervient au lendemain des déclarations d’Andreï Doutov, directeur de Rosprom (Agence fédérale de l’industrie), selon lesquelles le renvoi des 15 MiG-29SMT livrés par la Russie « n’aura pas de répercussions sur les autres contrats signés dans le cadre de la coopération militaire et technique russo-algérienne ».

Le journal Kommersant n’établit pas de relation avec l’affaire des Mig-29. La décision russe de surseoir à l’envoi des chasseurs Su-30MKI serait due à des retards dans les paiements. L’Algérie n’aurait pas effectué la principale tranche de paiement des chasseurs et aurait donc cessé d’honorer les contrats militaires signés avec la Russie depuis octobre 2007, après l’affaire des MIG. Selon un responsable du groupe Irkout, le constructeur des Su-30MKI, dix appareils ont déjà été livrés à l’Algérie mais le reste a été différé en raison du retard dans les paiements.

L’acompte de 250 millions de dollars

L’Algérie n’ayant pas des difficultés de trésoreries, les explications des retards de paiements pourraient s’expliquer platement par l’existence d’un contentieux autour de l’affaire des Mig-29. En effet, si la partie russe a accepté de reprendre les Mig-29, elle n’entendait pas restituer 250 millions de dollars versés par Alger à titre d’acompte pour cette transaction annulée. On serait dans ce cas dans la logique d’un contentieux commercial entre les deux parties. C’est l’hypothèse basse. Car à la lecture des commentaires russes, les choses sont appréhendées sous un angle très politique et l’idée d’une remise en cause, par Alger, de l’ensemble du contrat de 7 milliards de dollars, incluant l’annulation de la dette algérienne, est ouvertement évoquée. Le contrat portait sur l’acquisition de 28 chasseurs Su-30MKI (A), 34 MiG-29SMT, de 16 avions-école Iak-130, de quatre systèmes de missiles sol-air S-300PMU-2, de 38 missiles sol-air Pantsyr et de 185 chars T-90C.

La lecture politique, celle qui prévaut chez de nombreux commentateurs russes, veut que la remise en cause — fort silencieuse au demeurant — du contrat de fournitures militaires signé en mars 2006 soit un indice de la volonté d’Alger de diversifier voire de changer de partenaire. Ce serait en effet un changement de cap historique, la Russie ayant été depuis l’indépendance du pays le principal fournisseur de l’armée algérienne. Ces liens « traditionnels » donnent à cette « crise » un aspect singulier. Entre deux silences officiels, celui de Moscou et Alger, c’est la presse russe qui donne la tonalité générale : il y a crise.

© lequotidien-oran.com

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