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CFRIES
6 juin 2005

En Russie, Gazprom renforce son empire médiatique avec le quotidien "Izvestia"

Source: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-658241,0.html

Le géant gazier Gazprom, dont l'Etat russe est le principal actionnaire, a pris le contrôle vendredi 3 juin de l'un des quotidiens les plus importants du pays, les Izvestia. Une transaction qui inquiète en Russie, où la liberté de ton de la presse a nettement diminué ces dernières années.

Par l'intermédiaire de sa filiale Gazprom-Média, Gazprom a acheté auprès du groupe Prof-Média, appartenant à l'homme d'affaires Vladimir Potanine, 50,19 % des actions des Izvestia, ont annoncé les deux compagnies dans un communiqué conjoint.

"Cette transaction est dans la logique de la stratégie de développement de Prof-Média", qui est de se tourner vers des médias "moins politisés, des médias de divertissement", segment dans lequel le groupe entend renforcer sa présence, a souligné le directeur général de Prof-Média, Raphaël Akopov. Le prix de la transaction n'a pas été révélé, mais il est "conforme aux prix du marché" et "satisfait les deux parties".

UN RACHAT "POLITIQUE"

Gazprom-Média, filiale médiatique du géant gazier Gazprom, est devenu ces dernières années le premier groupe de presse en Russie. Et sa puissance dans ce secteur stratégique, derrière laquelle se dessine le contrôle de l'Etat, inquiète les professionnels du secteur.

Raf Chakirov, ex-rédacteur en chef du quotidien Izvestia, qui avait été contraint de démissionner en septembre dernier après une couverture de la prise d'otages de Beslan jugée "trop négative", avait dénoncé dès l'annonce de la transaction à venir, jeudi, la poursuite d'un "nettoyage total" de la scène médiatique russe.

Le journal Novye Izvestia évoquait pour sa part, vendredi, des "raisons uniquement politiques" à l'achat des Izvestia, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2008.

Et même le journal gouvernemental Rossiskaïa Gazeta relevait que la vente des  Izvestia par Vladimir Potanine au holding Gazprom-Média était "une nouvelle étape dans l'étatisation des médias nationaux".

DE SIMPLES PORTE-VOIX

Le rachat en 2001, par Gazprom-Média, de la chaîne de télévision NTV, à la suite d'une procédure controversée visant son propriétaire Vladimir Goussinski (qui vit depuis en exil), avait marqué le début d'une offensive des autorités contre les médias indépendants et d'opposition.

Les télévisions nationales se sont presque transformées depuis en simples porte-voix de la parole officielle, et les journalistes d'information dénoncent régulièrement des pressions provenant des autorités.

Gazprom-Média a tenté de rassurer vendredi quant à des changements au sein de la rédaction du quotidien, qui tire à 234 500 exemplaires, après des bruits dans la presse sur la prochaine désignation d'un nouveau rédacteur en chef."Sans analyse détaillée de la situation, on ne peut prendre de telles décisions", a relevé Nikolaï Senkevitch, directeur de Gazprom-Média, dans le communiqué annonçant la transaction.

Parmi les médias d'opposition en Russie restent toutefois la radio Echo de Moscou (dont Gazprom-Média détient une part majoritaire, mais avec un accord d'indépendance ferme obtenu par la rédaction), une poignée de quotidiens moscovites au lectorat réduit et des sites Internet comme Gazeta.ru.

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